Un problème et des
solutions
Le
manipulateur à restaurer date des années 1900,
trouvé à un prix en rapport avec son état
(faible), il n'était pas reluisant mais il avait un avantage
: il était complet ; ou presque. Le but était de
le nettoyer sérieusement sans craindre de lui enlever
une patine qui n'avait rien de séduisant, et de remplacer
deux pièces de bois qui lui manquait (d'où son
air penché sur la photo).
Le socle
et le bouton sont en bois exotique, le reste des pièces
sont en laiton sauf quelques vis en acier. A l'arrière,
il manque deux des trois bornes de raccordement. Le câblage
sous la platine est incomplet et devra être refait.
Le repère A souligne l'absence
de deux morceaux de lattes : une à l'avant et une sur
le côté. Pas de problème pour en usiner de
nouvelles, il suffira de les teinter pour que la réparation
soit la plus discrète possible.
B : le socle est très sale
et le bois semble imprégné en profondeur par endroits.
C : certaines vis sont très
oxydées et résistent. L'une d'elle est en acier
et d'un modèle différent ; elle semble remplacer
une vis perdue.
Les pièces en laiton sont fortement
oxydées et de façon irrégulière (rep.
D).
Avant
d'attaquer un problème il importe de faire un état
des lieux pour lister les taches à effectuer et le matériel
nécessaire (matières, accessoires, outils...).
Rassembler le maximum d'informations et prendre des photos de
l'objet à restaurer ; il n'est jamais inutile de photographier
chaque étape du démontage et de prendre des notes.
La première des choses à
faire est de tout démonter. Et ce n'est pas la plus facile
car certaines vis sont complètement grippées. Déposer
une goutte de dégrippant sur chacune des vis a permis
d'en débloquer la plupart. Il faut faire attention à
ne pas dépasser la limite de rupture des parties filetée
car enlever un morceau de vis dans un trou taraudé est
mission impossible dans ce genre de situation. Ici, la vis rep.
C n'a pu être enlevée, elle est restée
en place mais a gêné un peu le nettoyage du levier.
Le bouton en bois n'a pu être démonté également.
A ce niveau se présente une alternative :
- la pièce à réparer est
considérée comme un objet plus ou moins chargé
d'histoire mais encore utilisable et on peut se permettre de
la dénaturer un peu en remplaçant une vis introuvable
par un équivalent disponible chez le quincailler du coin.
- L'objet a une valeur historique - même
modeste - qui nous interdit de la bricoler. Dans ce cas on sera
peut-être contraint d'abandonner l'espoir de s'en servir
à nouveau.
Le nettoyage du bois peut être
entrepris d'abord à l'air comprimé, puis à
l'eau savonneuse, sans trop mouiller. Si cela ne suffit pas on
peut continuer avec de l'ammoniaque puis avec de la soude caustique
s'il y a des traces de vernis. L'utilisation de produits chimiques
acides ou basiques est très délicate si les parties
métalliques n'ont pas toutes été démontées.
Si le bois est gras il est probable que le lessivage ne suffise
pas. Après séchage, tenter un nettoyage avec de
l'essence de térébenthine ou avec des solvants
divers en testant d'abord dans un coin avec un chiffon. Si le
nettoyage est insuffisant, il va falloir uniliser un procédé
mécanique comme la brosse métallique, dans le sens
des fibres du bois. Eviter le papier de verre car il n'agit qu'en
surface et met en valeur des défauts en creux.
Pour décaper le laiton le mieux
est la laine d'acier fine et l'huile de coude. La brosse métallique
rotative radiale (pas une brosse à bout qui laisserait
des traces circulaires) est aussi une solution en cas de forte
oxydation ; faire toujours un essai sur un échantillon
ou sur un endroit qui ne se voit pas. Pour décaper dans
les coins on peut enlever délicatement le plus gros de
l'oxyde avec un grattoir puis terminer evec un petit tampon de
laine d'acier poussé avec l'extrémité d'un
morceau de bois taillé en pointe. On peut aussi utiliser
un produit genre "Miror" sur les grandes surfaces lisses
à condition de pouvoir essuyer parfaitement le produit
dans les coins. Par contre le papier de verre ou la toile émeri
ne conviennent généralement pas pour retrouver
le brillant du laiton. Dans tous les cas, faire un essai sur
des chutes de laiton.
Avant le remontage dépoussièrer
à l'air comprimé, huiler légèrement
les pièces en acier et les trous taraudés et passer
un peu d'huile de lin sur le bois avec un chiffon. Essuyer et
laisser sécher. |
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Même
si le résultat apparent est satisfaisant, que le manipulateur
est opérationnel (et très agréable à
utiliser), il n'empêche que l'opération ne s'est
pas passée parfaitement. Bien sûr, seuls les artistes
de la restauration et, dans une moindre mesure, son auteur, verront
les petites erreurs, les oublis, les négligences. En voici
quelques-unes :
- D : la réparation du socle a été
faite à l'aide d'une latte de chêne au lieu d'un
bois exotique. Malgré la teinture, la différence
est visible.
- E le fait de n'avoir pas pu démonter cette vis
à tête fendue (ainsi que le bouton et une autre
vis en acier totalement grippée) n'a pas permis de mettre
à nu le laiton dans les coins, même avec de la laine
d'acier et pas mal d'énergie.
- F : le brossage du bois n'a pas permis d'éliminer
les taches en profondeur mais il a altéré la surface
en la rendant granuleuse. Un léger ponçage aurait
permis de réduire le grain.
- G : faute de disposer de laiton en épaisseur
suffisante, la borne manquante a été refaite en
duralumin. Et la vis de serrage du fil n'est pas conforme à
sa soeur authentique. La troisième borne correspondant
au contact repos n'a pas été remplacée.
Par contre le câblage a été
refait avec du fil isolé soie comme à l'époque. |
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Vu de loin
le manip' restauré a une belle allure et permet de faire
des QSO mais il ne faut pas le regarder de trop près. |
Les trois
petits tampons découpé dans une bande de caoutchouc
permettent une parfaite assise sur la table sur trois points
en même temps qu'ils empêchent le manip' de glisser.
En outre, le caoutchouc amortit les vibrations et atténue
le cliquetis. |
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