Restauration d'un vieux manip' bois+laiton
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Voir aussi : Une platine universelle - La pioche ou clef simple - Remplacer un ressort de manipulateur -    
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    Restaurer une vieille pioche ou un meuble ancien requiert des précautions et un savoir-faire inhabituels. Il existe des spécialistes de la restauration des objets anciens qui travaillent pour les musées et les collectionneurs aisés. Pour nous qui sommes simplement des amateurs, souvent même des radioamateurs dont la vocation est l'expérimentation, nous n'allons pas confier nos épaves ni nos plus belles pièces à quiconque, même si elles valent trois semaines d'argent de poche, même si nous risquons de rendre irrécupérable le vieux débris ou de dénaturer la petite merveille.
    La petite restauration décrite ici n'est qu'un exemple de ce qui est possible de faire sans matériel particulier, sans grande expérience mais avec un peu de bon sens et pas mal de travail.

Un problème et des solutions
   Le manipulateur à restaurer date des années 1900, trouvé à un prix en rapport avec son état (faible), il n'était pas reluisant mais il avait un avantage : il était complet ; ou presque. Le but était de le nettoyer sérieusement sans craindre de lui enlever une patine qui n'avait rien de séduisant, et de remplacer deux pièces de bois qui lui manquait (d'où son air penché sur la photo).

    Le socle et le bouton sont en bois exotique, le reste des pièces sont en laiton sauf quelques vis en acier. A l'arrière, il manque deux des trois bornes de raccordement. Le câblage sous la platine est incomplet et devra être refait.
    Le repère A souligne l'absence de deux morceaux de lattes : une à l'avant et une sur le côté. Pas de problème pour en usiner de nouvelles, il suffira de les teinter pour que la réparation soit la plus discrète possible.
    B : le socle est très sale et le bois semble imprégné en profondeur par endroits.
    C : certaines vis sont très oxydées et résistent. L'une d'elle est en acier et d'un modèle différent ; elle semble remplacer une vis perdue.
    Les pièces en laiton sont fortement oxydées et de façon irrégulière (rep. D).


    Avant d'attaquer un problème il importe de faire un état des lieux pour lister les taches à effectuer et le matériel nécessaire (matières, accessoires, outils...). Rassembler le maximum d'informations et prendre des photos de l'objet à restaurer ; il n'est jamais inutile de photographier chaque étape du démontage et de prendre des notes.

    La première des choses à faire est de tout démonter. Et ce n'est pas la plus facile car certaines vis sont complètement grippées. Déposer une goutte de dégrippant sur chacune des vis a permis d'en débloquer la plupart. Il faut faire attention à ne pas dépasser la limite de rupture des parties filetée car enlever un morceau de vis dans un trou taraudé est mission impossible dans ce genre de situation. Ici, la vis rep. C n'a pu être enlevée, elle est restée en place mais a gêné un peu le nettoyage du levier. Le bouton en bois n'a pu être démonté également. A ce niveau se présente une alternative :
   - la pièce à réparer est considérée comme un objet plus ou moins chargé d'histoire mais encore utilisable et on peut se permettre de la dénaturer un peu en remplaçant une vis introuvable par un équivalent disponible chez le quincailler du coin.
    - L'objet a une valeur historique - même modeste - qui nous interdit de la bricoler. Dans ce cas on sera peut-être contraint d'abandonner l'espoir de s'en servir à nouveau.
    Le nettoyage du bois peut être entrepris d'abord à l'air comprimé, puis à l'eau savonneuse, sans trop mouiller. Si cela ne suffit pas on peut continuer avec de l'ammoniaque puis avec de la soude caustique s'il y a des traces de vernis. L'utilisation de produits chimiques acides ou basiques est très délicate si les parties métalliques n'ont pas toutes été démontées. Si le bois est gras il est probable que le lessivage ne suffise pas. Après séchage, tenter un nettoyage avec de l'essence de térébenthine ou avec des solvants divers en testant d'abord dans un coin avec un chiffon. Si le nettoyage est insuffisant, il va falloir uniliser un procédé mécanique comme la brosse métallique, dans le sens des fibres du bois. Eviter le papier de verre car il n'agit qu'en surface et met en valeur des défauts en creux.
    Pour décaper le laiton le mieux est la laine d'acier fine et l'huile de coude. La brosse métallique rotative radiale (pas une brosse à bout qui laisserait des traces circulaires) est aussi une solution en cas de forte oxydation ; faire toujours un essai sur un échantillon ou sur un endroit qui ne se voit pas. Pour décaper dans les coins on peut enlever délicatement le plus gros de l'oxyde avec un grattoir puis terminer evec un petit tampon de laine d'acier poussé avec l'extrémité d'un morceau de bois taillé en pointe. On peut aussi utiliser un produit genre "Miror" sur les grandes surfaces lisses à condition de pouvoir essuyer parfaitement le produit dans les coins. Par contre le papier de verre ou la toile émeri ne conviennent généralement pas pour retrouver le brillant du laiton. Dans tous les cas, faire un essai sur des chutes de laiton.
    Avant le remontage dépoussièrer à l'air comprimé, huiler légèrement les pièces en acier et les trous taraudés et passer un peu d'huile de lin sur le bois avec un chiffon. Essuyer et laisser sécher.

 

    Même si le résultat apparent est satisfaisant, que le manipulateur est opérationnel (et très agréable à utiliser), il n'empêche que l'opération ne s'est pas passée parfaitement. Bien sûr, seuls les artistes de la restauration et, dans une moindre mesure, son auteur, verront les petites erreurs, les oublis, les négligences. En voici quelques-unes :
- D : la réparation du socle a été faite à l'aide d'une latte de chêne au lieu d'un bois exotique. Malgré la teinture, la différence est visible.
- E le fait de n'avoir pas pu démonter cette vis à tête fendue (ainsi que le bouton et une autre vis en acier totalement grippée) n'a pas permis de mettre à nu le laiton dans les coins, même avec de la laine d'acier et pas mal d'énergie.
- F : le brossage du bois n'a pas permis d'éliminer les taches en profondeur mais il a altéré la surface en la rendant granuleuse. Un léger ponçage aurait permis de réduire le grain.
- G : faute de disposer de laiton en épaisseur suffisante, la borne manquante a été refaite en duralumin. Et la vis de serrage du fil n'est pas conforme à sa soeur authentique. La troisième borne correspondant au contact repos n'a pas été remplacée.

   Par contre le câblage a été refait avec du fil isolé soie comme à l'époque.
    Vu de loin le manip' restauré a une belle allure et permet de faire des QSO mais il ne faut pas le regarder de trop près.     Les trois petits tampons découpé dans une bande de caoutchouc permettent une parfaite assise sur la table sur trois points en même temps qu'ils empêchent le manip' de glisser. En outre, le caoutchouc amortit les vibrations et atténue le cliquetis.