Antenne isotrope
L'antenne isotrope est un modèle
théorique qui sert de référence pour le
calcul du gain des antennes. On la représente comme un
point dans l'espace qui rayonnerait de la même façon
dans toutes les directions. Son gain est de 1 ou, exprimé
en décibel, il est de 0 dBi (décibel par rapport
à l'antenne isotrope).
Analogie avec un luminaire
Une
façon pratique de comprendre ce qu'est le gain d'une antenne
est de faire une expérience avec une lampe de poche. L'ampoule
nue rayonne dans toutes les directions (ou presque). Le flux
lumineux est le même quelque soit la direction.
Si on place un réflecteur derrière cette ampoule,
les rayons lumineux vont être concentrés vers une
direction privilégiée. La puissance dissipée
est la même mais l'éclairement dans l'axe du réflecteur
sera plus élevé au détriment des autres
directions, en particulier de l'arrière du réflecteur.
Pour les antennes, un phénomène identique se produit.
Par exemple, le dipôle demi-onde rayonne principalement
dans le plan perpendiculaire à son axe et pratiquement
pas dans le prolongement des brins comme sur la figure ci-contre.
Le fait de concentrer l'énergie rayonnée dans une
ou plusieurs directions privilégiées a le même
effet qu'une augmentation de la puissance émise :
un gain de 3 décibels au niveau de l'antenne équivaut
à doubler la puissance de l'émetteur.
D'où vient le gain d'une antenne
Prenons
le cas du doublet demi-onde dans l'espace (voir Diagramme
de rayonnement du dipôle demi-onde). Si l'on coupe
le tore par un plan contenant son axe (et le dipôle par
la même occasion) on obtient le diagramme ci-contre avec
le profil du tore représenté en gris. En fond bleu
est représenté le rayonnement de l'antenne isotrope
dans l'espace avec la même puissance d'émission.
Tout se passe comme si l'énergie que l'antenne isotrope
rayonne suivant les directions proches de l'axe du tore était
utilisée pour renforcer le rayonnement dans le plan perpendiculaire
à son axe (flèches rouges). En fait le gain d'une
antenne n'est qu'une autre façon de répartir le
rayonnement en favorisant certaines directions au détriment
des autres.
Le gain en dB d'une antenne
On exprime généralement
le gain d'une antenne en décibels, soit par rapport au
dipôle, soit par rapport à l'antenne isotrope.
L'unité utilisée dans le premier cas est le dBd
(décibel par rapport au dipôle) et dans le second
cas le dBi (décibel par rapport à l'antenne isotrope.
Le dBd est une unité pratique car elle permet de se faire
une idée de l'amélioration apportée par
l'antenne à gain mais le dBi est une meilleure référence
car elle est universelle. La différence entre le dBi et
le dBd est 2,15 décibels, autrement dit un dipôle
demi-onde a un gain de 2,15 dBi.
Dans les catalogues et publicités des fabricants, il est
fréquent que les gains des antennes soient exprimés
simplement en dB sans autre précision. Par précaution
on considérera qu'il s'agit de dBi plutôt que de
dBd. D'autant plus que les gains annoncés sont parfois
délibéréments exagérés et
quand ils sont exacts, ils sont alors souvent exprimés
par rapport à l'antenne isotrope.
Réversibilité
de l'antenne
L'antenne est un dispositif réversible,
on bénéficie de ses performances à la fois
en émission et en réception. Le fait d'utiliser
une antenne présentant un gain de 6 dBd a un double avantage
:
- en émission : effet équivalent à quadrupler
la puissance de l'émission (voir PER et PIRE)
- en réception : tous les signaux provenant de la direction
du lobe principal de l'antenne seront amplifiés de 6dB.
Relation entre dimensions du lobe principal et gain de l'antenne
Comme le gain est d'autant plus grand
que l'énergie est rayonnée en un faisceau étroit,
il est possible d'estimer grossièrement le gain d'une
antenne en mesurant les deux angles d'ouverture à -3dB
(qE verticalement
et qA horizontalement).
La formule suivante permet cette estimation pour des angles inférieurs
à 90 degrés et pour des antennes dont le lobe principal
se distingue nettement des lobes secondaires.
Avec :
G : gain en dBi de l'antenne
qE : angle d'ouverture
en élévation (verticalement) (voir Diagramme
de rayonnement)
qA : angle d'ouverture
en azimut (horizontalement)
Les angles sont exprimés en degrés.
Exemple :
Le gain théorique d'une antenne dont le lobe pricipal
a une ouverture horizontale de 80 degrés et une ouverture
verticale de 40 degrés est de 11 dBi. Ce gain est
en pratique plus faible de 1 ou 2 degrés.
On peut améliorer le gain d'une antenne omnidirectionnelle
en diminuant la hauteur de son lobe principal, ce qui a pour
effet de limiter le rayonnement vers les nuages. Ce principe
est utilisé dans les systèmes d'antenne de téléphonie
mobile, le but des opérateurs étant de couvrir
avec une moindre puissance l'espace situé à très
basse altitude, là où évolue la quasi totalité
des utilisateurs.
Gain standard de quelques antennes
Le tableau ci-dessous n'a qu'une valeur
très indicative car le gain d'une antenne ne dépend
pas uniquement de sa forme, de ses dimensions ou du nombre de
ses éléments. La qualité de sa réalisation,
son vieillissement, les conditions de son installation... sont
des facteurs importants.
type d'antenne |
angle d'ouverture |
gain (dBi) |
H |
V |
biquad SHF |
50 |
50 |
11 |
bi-square |
60 |
|
4 |
bobtail curtain |
|
|
5 |
cornet SHF |
40 |
40 |
12 |
cubical quad 2 éléments |
|
|
9 |
dipôle demi-onde |
|
|
2,1 |
delta-loop onde entière |
|
|
3 |
dipôle raccourci (exemple) |
|
|
1,7 |
discone |
|
|
2 |
hélice 10 spires |
36 |
36 |
14 |
log périodique 6 éléments
actifs |
|
|
10 |
réseau |
65 |
30 |
13 |
parabole 4 m sur 435MHz |
12 |
12 |
20 |
verticale l/4 |
360 |
80 |
5 |
turnstile |
360 |
80 |
-0,8 |
yagi 3 éléments
horizontale près du sol |
60 |
15 |
8 |
yagi 7 éléments
verticale dans l'espace |
55 |
40 |
12 |
Comparaison du gain de deux antennes
Comparer deux antennes en ne s'intéressant
qu'à leurs gains respectifs peut avoir un intérêt
pour les transmissions à vue directe sur UHF et SHF mais
perd son sens pour les antennes sur les bandes décamétriques.
La valeur de l'angle de départ doit être prise en
compte car il détermine le mode de propagation qui va
être privilégié. Comme chaque rebond sur
le sol coûte entre 1 et 8 décibels et qu'un rebond
dans l'ionosphère est encore plus ruineux (entre 3 et
des dizaines de dB), on aura intérêt à utiliser
un mode 1F plutôt que 2F. Ceci est plus facilement obtenu
avec un angle de départ de 10 degrés qu'avec un
angle de 30 degrés.
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