On le
désigne généralement par le vocable "trafic
en QRP". Le mot QRP qui appartient au code Q international
signifie "réduire la puissance", les radioamateurs
en ont fait le synonyme de "petite puissance.
Il est convenu de désigner par QRP les puissances d'émission
ne dépassant pas 5 watts. En dessous de 1 watt on utilise
de plus en plus "VLP" pour désigner les "very
low power" ou puissance trés faible.
La puissance minimum pour trafiquer
Il n'y
en a pas. Ou, du moins, il n'y a pas de limite bien précise,
la puissance minimum nécessaire peut varier de 80 microwatts
à 10 milliwatts pour effectuer deux liaisons similaires
pour une même distance mais à des heures et jours
différents (ici 15 km en CW sur 7MHz).
Voici quand même quelques exemples de liaisons effectuées
sur décamétriques avec la puissance minimum.
500 km en BLU sur 7 MHz : 300 mW
France-USA sur 7 MHz en CW : 300 mW
France-USA sur 21 MHz en CW : 3 mW
France-USA sur 21 MHz en BLU : 300 mW
On se doute que ces résultats dépendent énormément
des conditions de propagation et de la sensibilité du
récepteur placé à l'extrémité
de la chaîne.
La carte QSL ci-jointe confirme un QSO effectué avec 300
mW et une antenne HB9CV d'un gain de 5 à 6 dB soit 1,2
W environ de puissance apparente rayonnée (PAR).
A titre d'exemples : Quelques QSO en contest.
Réalisation personnelle
A notre
époque, moins de 5% des radioamateurs fabriquent encore
leur émetteur-récepteur sur décamétriques.
La réalisation d'un transceiver moderne, performant, compact
et bon marché nécessite un savoir-faire et du matériel
de mesure peu courant.
De plus en plus d'amateurs, lassés des contacts faciles
avec du matériel commercial puissant, recherchent un trafic
plus sportif et aléatoire qui leur procurera plus de plaisir.
Le trafic à faible puissance est une des solutions.
Réaliser un émetteur QRP est à la portée
de tous, surtout s'il se compose d'une simple triode ou ne comporte
que 3 transistors. Il suffit de quelques euros, d'un contrôleur
universel et éventuellement d'un grid-dip. La réalisation
est simple et rapide et la mise au point est trés facile.
Ce peut être un projet pédagogique mené dans
le cadre de la préparation à la licence dans un
radio-club.
Une émission de bonne qualité est plus facile à
obtenir avec un émetteur QRP qu'avec un amplificateur
de 100 watts. Même dans le cas d'une émission défectueuse,
les risques de brouillage seront limités si la puissance
de sortie est faible.
Méthode de trafic
Le
trafic en QRP diffère peu du trafic à puissance
normale. La qualité principale de l'opérateur est
la persévérance. Il faut être patient et
attendre le moment opportun pour placer son appel. Dans la majorité
des cas on répondra à la station appelante.
Dans le trafic ordinaire on pourra faire suivre son indicatif
du suffixe /QRP qui attirera l'attention de la station appelée.
En concours on se contentera de passer simplement son indicatif
(en CW) ou seulement les 2 ou 3 dernières lettres (en
SSB).
Avec les stations rares et DX, les QRP ne sont pas si défavorisés
que cela. Les opérateurs des stations DX sont la plupart
du temps bien équipés en réception (et antennes)
et possède une oreille entraînée. Ils sont
attentifs aux signaux faibles et ne dédaignent pas un
QSO plus sportif.
Souvent l'opérateur d'une station QRO est trés
étonné d'avoir décodé correctement
des signaux émis avec quelques centaines de milliwatts
et adresse ses félicitations à la station QRP.
Pourtant le mérite de la station QRP est mince car toute
la difficulté du décodage des signaux faibles revient
à celui qui les écoute.
Contests QRP
Il existe plusieurs contests (concours)
qui permettent aux inconditionnels des petites puissances d'échanger
de véritables reports. Un des plus fréquentés
est organisé par Hal, DJ7ST et le QRPCC (QRP Contest Community),
une association regroupant les fanatiques de contests en QRP.
Ce concours est le ORIGINAL QRP CONTEST qui se déroule
en deux parties, l'une début janvier et l'autre début
juillet. Le terme "original" indique qu'il s'agit d'équipements
spécialement prévus pour le QRP (de fabrication
OM ou commercial) mais pas de stations "QRO" dont la
puissance aurait été réduite. En dehors
des stations participants au contest pour faire un score, on
rencontre de nombreuses stations QRP qui profite de l'occasion
pour trafiquer agréablement pendant quelques heures ou
pour tester une nouvelle réalisation.
Voir Réglement du Original
QRP Contest.
Emettre en micropuissance
Expérimenter
en trés faibles puissances est à la portée
de tous. Il n'est pas nécessaire de posséder un
matériel de laboratoire pour réaliser une expérience
scientifique qui ne manque pas d'intérêt. Une des
questions peut être "quelle est la puissance minimum
pour se faire entendre de telle ou telle station ? ". Pour
trouver la réponse voici une méthode qui réclame
peu de matériel.
On partira d'un émetteur d'une centaine de milliwatts
dont on aura mesuré la puissance avec précision
(mesure de la tension aux bornes d'une charge résistive,
par exemple). Mettons 100 mW.
Réaliser un jeu d'atténuateurs blindés de
valeurs 1, 2, 4, 8 et 16 décibels. Ces valeurs permettent
de réaliser toute valeur de 1 à 31dB avec une résolution
de 1dB mais on pourrait se contenter d'un atténuateur
de 10 et d'un autre de 20 dB.
Ils peuvent être groupés dans un même boîtier
muni de switchs et de cloisons métalliques.
La procédure est simple :
- Insérer 30 dB d'atténuateurs blindés entre
l'émetteur de 100 mW et l'antenne. La puissance d'émission
est alors de 100 µW
- Pendant un concours chercher une station assez puissante et
l'appeler à plusieurs reprises.
- Si au bout d'une dizaine d'appels on n'a pas été
entendu enlever 10 dB. La puissance d'émission passe à
1 mW.
- Recommencer la série d'appels.
En enlevant successivement des atténuateurs, on finira
par trouver la puissance minimum nécessaire pour se faire
entendre.
Bien entendu cette expérience a ses limites puisqu'on
ne maîtrise pas tous les paramètres mais sur plusieurs
QSO on se fera une idée suffisamment précise de
la puissance minimum.
Remarque : en pratique on ne dépassera guère 30
ou 40 dB d'atténuation et la puissance d'entrée
ne peut dépasser la puissance de dissipation des premières
résistances composant le premier atténuateur.
Relation entre report et puissance
d'émission
Supposons
une station émettant avec 100 watts.
Si elle est reçue S 9 par une station, elle perdra 1 point
S en divisant sa puissance par 4, 2 points S en la divisant par
16, 3 points S en la divisant par 64... Cela signifie qu'avec
1,5 watt elle sera reçue 56, ce qui est généralement
encore très confortable pour celui qui écoute.
Voir le report.
Report |
Puissance (W) |
dB |
59 |
100 |
0 |
58 |
25 |
-6 |
57 |
6,25 |
-12 |
56 |
1,56 |
-18 |
55 |
0,39 |
-24 |
54 |
0,1 |
-30 |
53 |
0,25 |
-36 |
52 |
0,06 |
-42 |
Le niveau minimum nécessaire
pour établir le contact dépend surtout du niveau
de bruit à la réception. En SSB, il est très
difficile de décoder une station ne dépassant pas
le niveau du bruit de quelque 6 à 12 dB ; en télégraphie,
un bon opérateur peut décoder des signaux de niveau
inférieurs au bruit.
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