Le ROS et les antennes
Le rapport d'ondes stationnaires (ROS) est un indicateur du bon
fonctionnement du système d'alimentation d'une antenne.
Il n'exprime pas les qualités de l'antenne proprement
dite mais le fait que celle-ci peut être raccordée
à un émetteur sans risque pour ce dernier.
Un rapport d'ondes stationnaires élevé a plusieurs
inconvénients :
- surtension au niveau de l'émetteur avec risque de destruction
de l'amplificateur de puissance, amorçages dans les CV...
- mauvais rendement de l'alimentation de l'antenne, l'émetteur
ne pouvant débiter toute sa puissance. Les transceivers
récents possèdent en outre pour la plupart un dispositif
qui limite automatiquement la puissance d'émission en
cas de ROS élevé ; un émetteur de 100 watts
peut être limité à quelques watts.
- le radioamateur étant un expérimentateur soucieux
de l'optimisation de sa station, il est tenté de considérer
comme un échec un chiffre élevé pour le
ROS de son antenne, son but est d'obtenir une valeur proche de
1 (1/1 ou "1 sur 1" comme il est courant de dire).
La mesure du ROS est donc pour lui une occasion de déceler
un problème à résoudre et lui fournit par
conséquent matière à réflexion...
Onde directe, onde réfléchie,
onde stationnaire
Supposons une ligne d'impédance caractéristique
Zc=50 ohms alimentant une charge constituée d'une résistance
pure de 25 ohms. Si la ligne est alimentée par un émetteur
de 100 watts, une partie de l'onde directe véhiculant
cette puissance sera réfléchie, l'autre partie
étant absorbée par la charge.
L'onde directe correspond à une tension Ud et à
une intensité Id qui dépendent de la puissance
fournie par l'émetteur et de l'impédance de la
ligne.
De même pour l'onde réfléchie : tension Ur
et intensité Ir
Pour faciliter la compréhension du phénomène
il arrive que l'on parle de puissance directe Pd et puissance
réfléchie Pr. La puissance réfléchie
serait celle fournie par la charge, ce qui est inhabituel...
Ces puissances fictives peuvent être mesurées avec
un wattmètre directionnel.
Onde directe et onde réfléchie se combinent et
forment une onde stationnaire dont
l'amplitude varie tout au long de la ligne, passant par des maxima
(ventres) et des minima (noeuds) d'intensité et de tension
:
Umax : maximum de tension (ventre de tension)
Umin : minimum de tension (noeud de tension)
Imax : maximum d'intensité (ventre de intensité)
Imin : minimum d'intensité (noeud de intensité)
Mise en évidence des ondes
stationnaires
Une expérience simple permet
de mettre en évidence les ondes stationnaires présentes
sur une ligne. Une ligne de Lecher
est alimentée à une extrémité par
un générateur à fréquence variable
et chargée à son autre extrémité
par une résistance non réactive de puissance suffisante
et de valeur réglable.
En faisant varier la résistance de la charge on peut mesurer
les variations de l'amplitude mini Umin et maxi Umax de la tension
entre les fils de la ligne.
Lorsque l'impédance Z de la charge est égale à
l'impédance caractéristique de la ligne (ici 220
ohms) Umax=Umin et le ROS est égal à 1 (voir plus
bas).
Coefficient de réflexion
Le coefficient de réflexion r est
un rapport qui se calcule à partir des tensions ou des
courants de l'onde directe et de l'onde réfléchie
:
Et si l'on considère les notions de puissance de l'onde
directe et de l'onde réfléchie :
On peut le calculer à partir de l'impédance complexe
de la charge qui, dans le cas d'une antenne, est la plupart du
temps réactive. L'impédance caractéristique
de la ligne étant normalement résistive, on peut
écrire Zc=Rc (50, 75, 300 ohms...)
Par exemple :
Une charge d'impédance Z=25-j30 est connectée sur
une ligne 50 ohms. Le coefficient de réflexion est de
0,48 ce qui signifie que l'amplitude de l'onde réfléchie
sera près de la moitié de celle de l'onde directe.
Le coefficient de réflexion est un vecteur (désigné
généralement par la lettre G) dont
on vient de voir le module r. Son argument est l'angle de déphasage
q entre l'onde réfléchie et l'onde
directe, il varie cycliquement tout au long de la ligne (voir
angle du coefficient
de réflexion dans la page consacrée à
l'abaque de Smith) ; il est positif pour les points de la ligne
où les réactances sont inductives et négatif
là où la réactance est capacitive.
Calcul du ROS
Par définition le ROS est le rapport entre le maximum
et le minimum de tension relevés sur la ligne au niveau
d'un ventre de tension( idem pour les courants Imax et Imin),
voir figure ci-dessus.
On peut aussi l'exprimer à partir du coefficient de réflexion
:
Si la ligne est chargée par une résistance pure
:
selon que l'impédance caractéristique Zc est plus
grand ou plus petit que R, de façon à ce que le
ROS soit exprimé par un nombre supérieur à
1.
Exemple de ROS :
a) dipôle demi-onde à la résonance Z=72 ohms
alimenté par un câble 50 ohms :
coefficient de réflexion=0,18 et ROS=1,4
b) charge 50 sur un câble coaxial 50 ohms :
coefficient de réflexion=0 et ROS=1
c) antenne mal adaptée Za=25-j100 sur câble 50 ohms
:
coefficient de réflexion=0,82 et ROS=10,4
Il existe plusieurs types de ROS-mètre adaptés
à chaque utilisation.
Perte de puissance à cause
du ROS
Le rapport de la puissance absorbée par la charge à
la puissance directe fournie par l'émetteur peut être
déterminé à l'aide de la formule suivante
:
La courbe ci-contre montre que
la baisse de puissance est insignifiante tant que le ROS ne dépasse
pas 2 et reste acceptable pour un ROS de 3. La baisse de signal
en dB par rapport à la pleine puissance est à peine
visible chez le correspondant :
- ROS=1,5 : puissance non absorbée=4% (0,2dB)
- ROS=2 : puissance non absorbée=11% (0,5dB)
- ROS=3 : puissance non absorbée=25% (1,2dB)
Sur décamétriques, ou lorsque la liaison est confortable,
perdre 1dB n'est pas un souci. Par contre, lorsque l'on chasse
le décibel comme en trafic EME (par réflexion sur
la Lune), un ROS de 2 est déjà inacceptable.
Cette perte de puissance, que l'on doit distinguer de la perte
d'énergie due au courant plus élevé correspondant
à l'onde réfléchie, peut être exprimée
en décibels. On la désigne sous l'abréviation
RL (pour "return loss") :
Exemple : avec un ROS de 3, un émetteur qui pourrait
débiter 100 watts (dans une antenne bien adaptée)
ne fournira que 75 watts.
Pertes dans la ligne
La présence d'ondes stationnaires implique des courants
plus forts dans la ligne donc des pertes dans le câble
plus élevées que lorsque le courant direct est
seul présent. Ces pertes ne sont visibles que pour des
grandes longueurs de câble et à des fréquences
élevées, lorsque le ROS dépasse 2.
Amélioration du ROS
On a vu que l'utilisation d'une ligne de mauvaise qualité
améliorait le chiffre mesuré du ROS. Ce n'est évidemment
pas une solution. Le plus simple est d'adapter l'impédance
de la charge et l'impédance spécifique de la ligne,
soit en remplaçant la ligne, soit en agissant au niveau
de l'antenne. Les moyens sont nombreux :
1) au niveau de la ligne : transformateur d'impédance
(voir : baluns), stub, ligne
quart d'onde...
2) au niveau de l'antenne : gamma-match, oméga-match...
Si un ROS élevé n'a que peu d'inconvénients
sur le bilan de la liaison, il peut perturber fortement le fonctionnement
de l'amplificateur de puissance en provoquant des pertes et des
surtensions pouvant aller jusqu'à provoquer la mort des
transistors, par exemple.
Le TOS ou taux d'Ondes Stationnaires
En tant que taux, le TOS s'exprime en %. Lorsque le ROS est égal
à 1, le taux d'ondes stationnaires est égal à
0%. Un TOS de 100% correspond à un ROS infini. On obtient
le TOS en multipliant par 100 le coefficient de réflexion
r.
Exemple : à un ROS de 3, donc un coefficient de
réflexion r de 0,5 le TOS est de 50%
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